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Quid tradere ?

Je transmets mes gènes

Tu transmets ton nom

Il transmet son savoir

Nous transmettons nos valeurs

Vous transmettez vos croyances

Ils transmettent la vie

Transmettre,  « envoyer au-delà »

Au-delà de moi-même

Au-delà de mon parcours

Au-delà de ma génération

Laisser une empreinte… ou pas

Passer le relais, le témoin

Et surtout transmettre autour de moi

Une certaine idée du bonheur

Une certaine idée de la sérénité

La faculté de s’adapter

Pour avancer, faire face, faire bouger

Alors transmettre c’est peut être Tout simplement Espérer

Rencontre de deux volontés

Depuis la nuit des temps, la raison d’être de tous les organismes vivants est la transmission…

Ce besoin est porté de manière intrinsèque, viscérale, assurant la continuité de l’espèce par la transmission du patrimoine génétique, par des mécanismes archaïques excluant toute réflexion ou conscience. Nous n’échappons pas à cette règle universelle, qui régit la vie des levures comme celle des baleines… Notre condition humaine nous permet toutefois d’espérer nous élever un peu au-dessus de ces basses considérations… ! Ayant conscience de notre présence éphémère, plus le temps passe et plus nous nous préoccupons de transmission. Une vie est-elle tout à fait aboutie  si elle n’a pas pu donner lieu à un passage de relais, sous quelque forme que ce soit ? Le savoir n’est-il utile qu’à la seule condition d’être transmis ? A des descendants comme à des pairs ? En tout un chacun réside plus qu’une volonté, un désir de transmettre ce qu’on a soi-même reçu de bon et d’utile pour construire sa vie et l’orienter, mais aussi l’expérience, les convictions  que l’on s’est forgées soi-même… Si les erreurs commises, les obstacles surmontés, les bonheurs vécus ne sont pas partagés et transmis, à des enfants, à des élèves, ou encore à un repreneur… quel sens donner à toutes ces petites victoires ? Une vie passée à la tête d’une entreprise ou d’une exploitation, indépendamment de sa taille ; une vie consacrée à la développer ou à lutter pour la maintenir à flots, appelle de ses vœux un repreneur. Quelle énergie gaspillée  si elle s’éteint avec nous, faute de successeur capable de la reprendre ou désireux de la reprendre… Car on oublie parfois que la transmission implique la rencontre de deux volontés, celle de donner mais aussi celle de recevoir. Elle implique également un langage commun, un système de valeurs commun, une vision commune… Et exige encore une réappropriation du bien, du savoir, de la culture transmise. Quel intérêt à seriner les mêmes leçons à quelqu’un qui n’en a que faire ? Le message lui paraîtra vide de contenu et de signification. Le sort des cultures et des savoirs ainsi transmis se résumera à tomber dans l’oubli ou pire, à se transformer en croyances, superstitions et tabous interdisant toute réflexion et adaptation. Qui peut prétendre transmettre une vérité incontestable et immuable et exiger des suivants son application à la lettre ? La transmission se faisant dans un contexte, mélange d’histoire personnelle, de valeurs, de craintes et d’affection, la meilleure volonté est une condition nécessaire mais pas toujours suffisante à sa réussite. Celle-ci demande de lâcher-prise sur un sujet, un savoir, un outil de travail que l’on connaît par cœur et que l’on maîtrise, et par conséquent un certain effacement de soi, au profit du dépositaire de l’objet transmis. Et par là-même, peut-être, un tout petit début de disparition …