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Des confidences... et des gens formidables !

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Yves Sallaberry, consultant à Saint-Palais, oeuvre dans les comptabilités TVA. Ses confidences qu’il nous distille avec tact éclairent les facettes de ce métier riche d’une identité profonde.

Pourrais-tu nous décrire ton métier à l’ADER ?

Bientôt 36 ans que je travaille ici. Au début comme bagage principal j’avais ces gènes de commerçant transmis par mon père, et qui me guident toujours à m’intéresser à autrui. Très jeune j’ai compris la nécessité de provoquer la rencontre et de maintenir le fil de la relation. J’ai foncé dans la vie avec cette force.
Mon travail consiste, pour les adhérents que j’accompagne, à établir leurs balances TVA – fluidifier si besoin les relations avec l’Administration fiscale.
Mais privilège du temps, j’en suis à la 3ème génération dans certaines familles…

Qu’est-ce qui se vit avec les gens ?

Par le fait du temps et tout l’intérêt personnel que j’y attache, nous avons tissé des relations que je nommerai «intimités de voisinage». N’oublions pas qu’au départ la situation est professionnelle.
Cependant je gratifie chacun par l’identité qu’il veut se forger. Du Monsieur, Madame, du prénom, d’un gentil diminutif, et pourquoi pas du nom de la maison si le quartier le distingue ainsi.
Cheminant ainsi avec toute la pudeur de mise, des confidences d’une profondeur et d’un intimisme inimaginables m’ont été révélées. Pas sûr que les familles connaissent de tels secrets que je garde pour moi bien sûr. À croire que les gens n’ont plus grand monde à qui se confier. Alors j’écoute, bienveillant en restant à ma place. Ainsi je peux les accompagner dans leurs réflexions et les aider à trouver des solutions ou du moins des réponses pour aller plus loin.

Et l’utilité sociale ?

Le prétexte de la rencontre est un échange de papiers plus ou moins rangés. Acte anodin et faussement simple. Une fois la cotisation annuelle acquittée et tout cela étudié, la véritable partie peut se jouer... le dialogue s’engage.
Je crois offrir un miroir où chacun est valorisé de la même façon, humainement et non selon le poids économique dans le quartier, le village. Malheureusement dans la vie ce n’est pas le cas. Au contraire les gens sont évalués, classés, et ce plus qu’on ne le croit en campagne ! Parmi les adhérents que j’accompagne, une poignée joue cette course à la puissance du tracteur, au nombre de litres de lait par vache ou par brebis… les autres n’en sont pas pour autant des sous-paysans, bien au contraire !
D’ailleurs, j’entends dans les contrées que l’on a besoin de tous pour faire vivre les territoires…
Voilà 36 ans que je vis tout cela au quotidien avec des gens formidables.


De l’évolution des rôles sociaux et des valeurs dans les exploitations familiales

« …A la lecture du contexte économique et social 2009-2010 ainsi que des rencontres que nous avons suscitées, d’autres hypothèses à caractère sociologique doivent orienter notre Pacte. Nous resterons prudents sur les remarques qui suivent et qui seront vérifiées par un travail méthodologique
plus approfondi.

Tout d’abord, il semble que les actions de redynamisation collective et d’engagement que nous souhaitons installer afin de renforcer le rôle et les missions de l’Ader doivent s’inscrire avant tout dans une démarche micro territoriale… En effet, la plupart des inquiétudes soulevées par les agriculteurs sont en quelque sorte rapatriées au local, et lorsqu’il s’agit d’engager une réflexion, une ouverture, un accompagnement, c’est « ici et maintenant » que ces actions sont envisagées. On peut voir là une réponse qui se construit sur l’affirmation d’une liberté locale et d’une identité singulière face aux excès d’encadrement et de planification dont on ne voit plus très bien en quoi ils ont pu contribuer localement à une amélioration des conditions de vie, d’échanges, de travail et de revenus…

La seconde remarque concerne l’évolution des rôles sociaux et des valeurs à l’intérieur des exploitations familiales. L’économie rattachée à l’agriculture
a des spécificités que l’on reconnaît notamment au regard des liens de dépendance rattachés aux questions de transmission et de solidarité familiale.
L’exploitation a pu fonctionner sur un schéma de groupe familial étendu selon les alliances et les besoins à un réseau de coproduction quotidienne dans lequel les rôles étaient à peu près stables et les finalités non questionnées. Quelques discussions étaient les bienvenues, mais les décisions étaient
prises par le responsable d’exploitation, chef d’entreprise et chef de famille…

Ce déplacement des rôles pourrait s’accélérer avec la crise et les difficultés des jeunes exploitants, et avoir des conséquences sur les successions, les investissements, la cohabitation avec les générations. Les attitudes pourraient se faire plus attentistes et les transmissions différées ou abandonnées avec un repli patrimonial accéléré par le foncier. Si cette lecture se confirme les phénomènes de concentration iront en s’accélérant avec des conséquences économiques et territoriales qu’il est difficile de prévoir.»

In Evaluation du contexte économique et social pour l’Union Européenne et le Conseil Régional
Dossier Pacte Ader 2010