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Propriété privée, propriété publique, propriété collective ?

le .

Les jouets ne sont pas des objets « Deux phénomènes majeurs permettent de comprendre comment cette troisième révolution industrielle a déjà commencé à transformer les comportements.

D’une part, les jeunes semblent de moins en moins obsédés par l’idée de posséder, d’être propriétaires. Une entreprise comme General Motors, aux Etats-Unis, peut légitimement s’interroger sur son avenir quand elle découvre que l’achat de voitures chez les 18-25 ans aux Etats-Unis est en chute libre.

Le second changement, c’est que, demain, dans une société d’abondance, le capital social deviendra beaucoup plus important que le capital économique ou financier. Et cette mutation radicale commencera dès le plus jeune âge.

Prenez les jouets. Aujourd’hui, ils représentent le premier contact de l’être humain avec la propriété, donc avec le capitalisme. Ce jouet que ses parents lui ont offert, l’enfant découvre que c’est le sien, pas celui de son petit copain. Et personne ne le lui conteste. Mais demain -et en fait aujourd’hui déjà dans de nombreuses familles-, les parents emprunteront des jouets pour leurs enfants sur un site Internet dédié ; l’enfant l’utilisera pendant quelques semaines ou quelques mois en sachant pertinemment qu’il n’en est pas le propriétaire ; et quand il s’en lassera ses parents renverront le jouet au site web pour que d’autres l’utilisent. A
quoi bon garder des dizaines de jouets au grenier, n’est-ce pas ?

Mais le grand bouleversement à l’oeuvre dans cet exemple tout simple, ce n’est pas tant que l’enfant pourra, pendant toute sa jeunesse, profiter d’autres jouets mieux adaptés à son âge : c’est le changement qui se produit dans sa tête par rapport à ce que les générations qui l’ont précédé ont connu. Il apprend en effet « naturellement » que les jouets ne sont pas des objets que l’on possède mais des expériences auxquelles on accède pour un temps donné, et que l’on partage avec les autres. Il se prépare en fait, dès son plus jeune âge, à l’économie du partage qui l’attend. C’est une mutation complète de la société. J’ai presque 70 ans et je n’avais jamais, jamais anticipé qu’une chose pareille se produirait. »

Jeremy Rifkin
Essayiste américain spécialiste de prospective économique Conseil de la Commission Européenne